4.8.10

Connais tu, petite fille, l'histoire du Papillon de nuit?

Voué à s'abriter dans l'obscurité,
fragile petit lépidoptère,
enfermé dans une chrysalide,
hermétique aux émotions,
persuadé d'avoir tout vécu,
d'avoir humé chaque saveur,
avoir butiné un bonheur qui a fui.
Il s'y conforte, se dit que c'est mieux ainsi...

Jusqu'à cette nuit là,
le vent souffle très fort,
intense, brusque, inattendu,
vent fou, tempête,
ça secoue, ça tambourine en dedans...
Fendue la chrysalide, un mince filet de lumière y pénètre...
"Ne pas s'y aventurer !"
Maintes fois, on lui a conté que d'autres y ont déjà brulé leurs ailes!

Mais c'est trop tard...
Cette lumière, cette chaleur,
ces nouvelles saveurs inexplorées
lui parviennent...lui font peur...
l'obsèdent jusqu'à la déraison.
Il se faufile et s'envole en dehors...

Il sent sur sa peau,
ses douces caresses, ses mélodies,
doux murmures qui lui semblent siens, familiers,
comme sortis tout droit du royaume de son enfance.
Enivré, il se laisse bercer, porter,
se met à tournoyer, quelle folie!
Se surprend à sourire, se met à rêver en couleur
LUI! qui pensait avoir perdu sa palette nuancée
de passion et de vie.

C'est si bon, confortable,
comme jamais!
Il s'y prélasse, en son sein,
déploie ses ailes plus encore
pour n'en rater aucune poésie...

Déraison, passion interdite,
il le sait et l'oublie...
S'envole plus haut encore!
L'obscurité laisse place à un paradis oriental,
sensualité et chaleur en son être...
Il se sent pénétré de toute part,
il y fait chaud.

Cette Lumière !
lui brûle les ailes, le cœur et le corps
Il se consume, petit tas de cendres au lever du jour...

Ne pleures pas petite fille!
Rien de triste à tout cela
Car c'est douce mort que d'avoir pu caresser
des yeux, des ailes, des lèvres
cette lumière qu'on appelle
AMOUR

On raconte que les cendres du papillon de nuit,
emporté par ce torrent délicieux,
fruit du corps à corps à la Lumière
et de leur union scintillante,
diffuse encore autour d'elles
amour, espoir et rêverie sur le monde...

Comme il est doux de se sentir vivant!

Il ferme le livre, le temps d'un souffle, de quelques temps...
la petite fille le regarde comme pour dire qu'elle n'aime pas la fin des histoires

Il sourit, dépose un baiser sur son front:
"bonne nuit Princesse"

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